Rentrée scolaire : les défis sont nombreux pour les populations vulnérables

Réussite des jeunes
Besoins essentiels
22 août 2023 •  Par Centraide
Classe

À l’aube de la rentrée scolaire, les personnes et les familles vulnérables du Grand Montréal voient plusieurs signaux clignoter sur leur tableau de bord. Inflation, décrochage, retards scolaires importants… La rentrée 2023 s’annonce remplie de défis.   


Le 16 août dernier, Saskya Kamakondi a vécu un grand soulagement. Avec ses trois enfants, elle a participé à l’Opération Sac à dos dans Hochelaga-Maisonneuve. Ils en sont sortis avec des sacs neufs, des cahiers fraîchement sortis de la papeterie… et de grands sourires. 

« L’Opération Sac à dos nous permet de mieux nous organiser pour la rentrée. Nos moyens sont vraiment limités, alors ça nous aide à voir ce qu’il manque. On aura peut-être seulement à acheter de nouveaux ciseaux cette année, ça fait une énorme différence. »

—Sakya Kmakondi, mère de famille qui travaille pour un organisme communautaire.

Selon les observations sur le terrain, le nombre de familles qui vivent dans une situation comme celle de Saskya ne cesse d’augmenter. « Avec l’explosion des prix à tous les niveaux, c’est encore plus difficile cette année », relate Joelle McNeil Paquet, directrice générale de L’Antre-Jeunes de Mercier-Est, un organisme qui intervient principalement auprès des jeunes et des familles qui vivent dans des habitations à loyer modéré (HLM). Les parents avec des emplois précaires ou au salaire minimum font partie de leur clientèle. « Pour les prestataires d’aide sociale et les gens qui ont un emploi à faible revenu, la rentrée scolaire devient très anxiogène », poursuit-elle.  

Même son de cloche du côté de l’organisme Je Passe Partout, qui soutient des jeunes de 3 à 17 ans issus en très grande majorité de milieux défavorisés. « Le stress financier est plus important en raison de l’inflation, note Samuel Carrier, directeur général de l’organisme. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, comme le coût des loyers qui augmentent, ça ajoute une pression supplémentaire sur les familles plus vulnérables. »  

En 2022, 49 % des gens inscrits à l’Opération Sac à dos demandaient de l’aide pour la première fois. Cette année, le Regroupement Partage anticipe ce nombre à la hausse.  

Séparateur bonhommes Centraide

Joelle McNeil Paquet ajoute qu’au-delà des frais liés à l’achat de fournitures scolaires, l’école vient avec d’autres dépenses, comme la cafétéria et le service de garde. « Quand tu as cinq enfants et un horaire de travail atypique, le service de garde coûte vraiment trop cher, raconte la directrice générale de l’organisme. Ça peut paraître étrange pour certains que la grande sœur de 11 ans s’occupe de la fratrie après l’école, mais dans des conditions comme celles-là, il n’y a pas vraiment d’autre solution possible. »  

Mais le stress financier n’est pas le seul défi avec lequel les parents doivent jongler pour cette rentrée.  

Les conséquences du confinement associé à la pandémie de COVID-19 se font sentir dans les milieux communautaire et scolaire. Ce constat s’avère particulièrement frappant chez les enfants à besoins particuliers. « On voit les jeunes tout au long de l’année et actuellement, les besoins se complexifient », déclare Sylvianne Gagné, coordonnatrice du service aux membres à l’Association de parents de l’enfance en difficulté (APED). « En discutant avec d’autres organismes et des spécialistes, nous estimons que nos jeunes ont probablement un retard scolaire d’environ deux ans, souligne l’intervenante de l’APED, qui œuvre sur la Rive-Sud de Montréal. Disons que le confinement n’a pas aidé. Les jeunes ont manqué de socialisation et le port du masque a nui aux enfants qui ont des défis de langage. » 

Sylvianne Gagné note que les demandes reçues récemment concernent de plus en plus l’intégration des jeunes dans les classes. Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre affecte grandement les milieux communautaire et scolaire, qui ont de la difficulté à recruter des intervenant·es qualifiés.  

Cette pénurie se fait également sentir au niveau des camps de jour, qui jouent un rôle important dans le parcours scolaire de milliers d’enfants . « Cette année, il risque d’y avoir plus de jeunes qui vont rentrer à l’école avec un retard que les années passées, dit Samuel Carrier. Les places étaient moins nombreuses dans les camps de jour parce que ces derniers avaient de la misère à recruter. » 

« L’an dernier, on avait 24 places disponibles dans notre camp de jour qui est gratuit, mais cette année, on a eu 70 appels en une journée et demie, raconte Samuel Carrier. On a vu qu’il y avait un grand besoin. »

L’organisme qu’il dirige, Je Passe Partout, a mis l’épaule à la roue. « On a réussi à ouvrir un troisième groupe pour offrir 36 places », déclare le directeur général. Le camp de jour de Je Passe Partout offre deux volets, dont l’un avec un côté pédagogique pour stimuler les jeunes durant l’été.  

La motivation des jeunes à l’école est fragilisée par plusieurs facteurs. Parmi eux, la difficulté à se projeter dans l’avenir.  

« Les jeunes vivent ici et maintenant, note Joelle McNeil Paquet. C’est une autre conséquence de la pandémie qu’on observe actuellement. Ils ont de la difficulté à voir quel impact le parcours scolaire aura dans leur vie. »  

La pénurie de main-d’œuvre dans tous les commerces affecte aussi la persévérance scolaire. « Les étudiants sont plus nombreux à travailler, et ils sont plus jeunes qu’avant. Évidemment, ça a des répercussions sur leurs notes », souligne Andrée-Anne Primeau, intervenante à la Maison des Jeunes l’Adomissile, à Saint-Rémi, un milieu rural de la MRC des Jardins-de-Napierville. Celle qui anime des projets sur la persévérance scolaire et sociale relève que le manque de personnel dans les classes, autant au niveau des professeurs que des travailleurs sociaux, a aussi un impact négatif sur le parcours des enfants.  

À Laval, un autre genre de défi attire l’attention de l’organisme communautaire Diapason-Jeunesse. « Nous estimons que 90 % des jeunes que nous aidons sont issus de familles immigrantes et que 65 % d’entre eux sont nés à l’extérieur du Canada », mentionne Chantal Lachaîne, directrice générale.  

Diapason-Jeunesse soutient des jeunes qui viennent des écoles lavalloises les plus défavorisées. « Puisque les parents sont invités à remplir un formulaire sur leur situation socioéconomique, nous pouvons confirmer que la pauvreté est très présente chez les familles que nous soutenons », indique-t-elle.  

Le défi est donc triple; les intevenant·es doivent à la fois aider les jeunes à s’intégrer non seulement à l’école, mais à la société, tout en gérant les relations avec la famille qui parfois ne parle ni français ni anglais et qui vit avec un faible revenu. 

« Notre programme Passeport pour ma réussite offre un soutien financier, explique Chantal Lachaîne. Par exemple, nous donnons des billets pour le transport en commun et nous offrons des boîtes à lunch aux jeunes qui viennent nous voir après l’école pour l’aide aux devoirs. » 

Selon le dernier recensement, 36 405 enfants âgés de 6 à 17 ans vivent dans une famille avec un faible revenu dans la région métropolitaine de Montréal.

La réussite des jeunes représente un axe fondamental de la mission de Centraide du Grand Montréal. Lutter contre la pauvreté, c’est d’abord la prévenir en intervenant auprès des enfants et des familles. En 2022-2023, nous avons investi 17,3 M$ pour le présent et l’avenir des jeunes, soutenant ainsi 177 organismes et projets communautaires qui font une différence dans la vie de milliers d’enfants.

Séparateur bonhommes Centraide

1 personne sur 5 reçoit notre aide.
5 personnes sur 5 en bénéficient.

À go, on Centraide

Soutenir un réseau de plus de 375 organismes communautaires, c’est aussi favoriser une société inclusive et sans pauvreté.