Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Canada figure au 12e rang mondial sur 189 pays pour sa qualité de vie. Pourtant, on y recense plus de 4,8 millions de personnes vivant avec de faibles revenus.
1,2 M de ces personnes vivent au Québec.
Et la moitié de ces Québécois (614 025 personnes) vivent dans le Grand Montréal.
Être pauvre, c’est quoi au juste?
C’est de ne pas avoir les ressources nécessaires pour satisfaire ses besoins essentiels :
Plus souvent qu’autrement, c’est vivre au jour le jour et s’inquiéter de l’avenir. C’est subir un stress constant et, bien souvent, faire face à de l’isolement.
Qui sont les personnes touchées par la pauvreté?
Des réalités qui peuvent être faciles à ignorer
Grandir dans la pauvreté augmente le risque de cumuler des difficultés tout au long de la vie.
Dès la naissance, les enfants nés dans des familles pauvres sont désavantagés.
Plus souvent, ils évoluent dans des environnements où les taux de chômage et de décrochage sont plus élevés, la santé moins bonne et l’espérance de vie, plus courte.
Ils sont davantage touchés par l’insécurité alimentaire.
Ils sont plus nombreux à commencer leur parcours scolaire avec un retard et à décrocher de l’école avant d’avoir obtenu leur diplôme.
Sans diplôme, ils risquent de toucher un revenu annuel moyen inférieur durant leur vie active, d’être davantage sur le chômage, d’avoir de moins bonnes conditions de vie et de réduire leur espérance de vie.
Le décrochage : un cercle vicieux
La pauvreté accroît les risques de décrochage scolaire qui, en retour, accroît les risques de pauvreté.
Les milieux défavorisés sont des espaces qui combinent insuffisance de revenus et isolement, sentiment d’impuissance et de stress, problèmes de santé mentale et physique…
En mode survie, on a la tête ailleurs, occupé à chercher comment assurer les besoins essentiels de notre famille. On a parfois moins d’énergie pour soutenir nos enfants et nos adolescents, pour s’engager activement dans leur éducation et leurs projets.
On considère qu’un ménage est mal logé lorsqu’il paie trop cher (plus de 30 % de ses revenus) ou qu’il vit dans un environnement inadéquat : trop petit, insalubre ou isolés (sans parcs, écoles, épiceries ou voisinage à proximité).
C’est le coût du logement qui a le plus grand impact sur les conditions de vie. Lorsqu’il dépasse 30 % du revenu, le coût du logement est considéré comme trop élevé pour le ménage, qui risque alors de connaître des difficultés financières pour satisfaire d’autres besoins essentiels comme se nourrir et se vêtir.
Dans un pays développé comme le nôtre, où des aliments frais, variés et sains sont accessibles en abondance et en permanence, il est difficile de croire qu’on puisse avoir de la difficulté à se nourrir suffisamment et convenablement. Pourtant, c’est le cas de milliers de personnes dans le Grand Montréal.
L’insécurité alimentaire, c’est :
Devoir choisir entre son loyer et son alimentation
Réduire ou couper les coûts reliés à l’alimentation
S’inquiéter d’un manque de nourriture
Diminuer sa consommation alimentaire
Se priver pour nourrir ses enfants
Manquer d’aliments nutritifs
Partir à l’école sans avoir déjeuné
Le travail ne garantit plus un revenu suffisant pour un nombre croissant de travailleurs qui, malgré leur emploi, demeurent pauvres.
Dans le Grand Montréal, 40 % des personnes âgées de 18 à 64 ans qui vivent avec de faibles revenus occupent un emploi.
Quelque 125 000 personnes sont confrontées à cette réalité, dont 38 % des chefs de famille monoparentale de moins de 30 ans, en majorité des femmes et 27 % des immigrants récents. Plus de la moitié des travailleurs pauvres ont des enfants (55 %).
Témoignage
Je m’appelle Darquis. Je vis dans le quartier depuis cinq ans. Il y a quelques mois, j’ai commencé à fréquenter La P’tite Maison pour essayer d’aider les gens et pour m’aider moi-même. Je me cache depuis des années, depuis mon accident, et j’avais besoin de sortir de mon isolement.
Je suis parti de chez moi quand j’avais 15 ans parce que je ne correspondais pas à la norme. J’étais un patineur artistique, danseur de ballet et musicien dans une petite ville de hockey et de baseball. J’ai parcouru tout le Canada. Je me suis d’abord installé à Toronto, où j’ai rencontré ma femme. Mais quand les loyers sont devenus beaucoup trop chers, nous avons décidé de nous installer au Québec.
J’ai eu un accident de travail majeur qui m’empêche de travailler. J’ai été écrasé par 800 kg de plexiglas. Puis, ma femme est morte et je me suis retrouvé seul avec mon fils. Elle était le centre de ma vie et de la maison. Je me suis senti si seul. Je me suis mis à me cacher dans mon sous-sol.
J’ai croisé une intervenante de La P’tite Maison dans une banque alimentaire. »