Toujours présente, complexe et plus diversifiée
C’est l’hiver. On s’emmitoufle avant de sortir de la maison pour démarrer la voiture ou pour attendre l’autobus. On arrive à peine à imaginer le cauchemar de ceux qui vivent dans la rue.
Par temps froid, on se préoccupe davantage du sort des personnes en situation d’itinérance, une réalité dans laquelle on se projette rarement, convaincu que ça ne pourrait jamais nous arriver. L’itinérance, la forme la plus extrême et la plus manifeste de l’exclusion sociale, est bien présente dans notre Grand Montréal et elle suscite une multitude d’interrogations.
Qui sont les sans-abris? Qu’est-ce qui a bien pu les mener à cette situation? Quelles souffrances accompagnent leur triste condition? Mais surtout : que peut-on faire pour les aider?
Les nouveaux visages de l’itinérance
Tout aussi nombreux, les visages de l’itinérance sont davantage diversifiés, avec de plus en plus de femmes dans les quartiers centraux et partout à Montréal. Elles ne sont pas toujours visibles, car elles vivent parfois l’itinérance autrement, ailleurs que dans la rue, se transportant d’un lieu à l’autre.
Les hommes sont de plus en âgés. Certains ont vieilli dans la rue, d’autres y arrivent plus tard suite à un coup dur.
On y retrouve aussi de plus en plus d’immigrants qui traversent des parcours migratoires difficiles.
Les autochtones sont de plus en plus présents depuis 20 ans.
Et tous ceux dont la discrimination mène à la rue, les jeunes notamment issus des communautés LGBTQ+ qui représentent entre 20 et 40 % des jeunes sans-abris au Canada.
L’itinérance n’est plus un phénomène strictement lié au centre-ville de Montréal. Elle s’étend à plusieurs quartiers, ainsi qu’à Laval et à la Rive-Sud.
Les facteurs de risque
Les parcours qui mènent une personne à l’itinérance sont variés. Ils sont le résultat de difficultés complexes qui débutent parfois dès l’enfance ou se révèlent à différentes étapes de la vie. Dans de nombreux cas, l’itinérance s’accompagne de problèmes de santé mentale ou de dépendances.
En chiffres
Montréal est la région qui connaît le plus grand nombre de personnes en situation d’itinérance au Québec. Mais combien sont-elles? La question est extrêmement difficile à élucider.
Un premier dénombrement réalisé la nuit du 24 mars 2013 avait recensé 3 016 personnes. Un second, le 24 avril 2018, en avait compté 3 149. Plusieurs experts estiment que ce chiffre pourrait être multiplié par 5 ou même par 10 pour tenir compte de toutes les situations d’itinérance.
Par contre, ce que l’on sait plus précisément, c’est que toutes les ressources, celles pour hommes comme celles pour femmes, constatent un accroissement de l’itinérance, et ce, dans différents quartiers montréalais.
3 149 sans-abris ont été dénombrés dans la nuit du 24 avril 2018.
Mais c’est sans compter tous ceux dont la réalité est invisible :
Au-delà des chiffres
Un outil incontournable produit par le RAPSIM (Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal) et rassemblant des textes de plusieurs acteurs de l’itinérance à Montréal.
Sur le terrain
Pierre Gaudreau, un porte-parole incontournable lorsqu’il est question d’itinérance
Pierre Gaudreau est à la barre du RAPSIM depuis plus de 15 ans. Quinze années durant lesquelles il a utilisé ses nombreuses qualités pour défendre bec et ongles les droits des personnes itinérantes et maintenir une grande cohésion au sein des organismes membres de son réseau.
Pierre Gaudreau est arrivé à la tête du RAPSIM avec un large bagage en défense des droits. Rapidement, il a cherché des façons de rendre visibles l’itinérance et ses enjeux. De donner, par le biais de l’éducation populaire, la parole aux itinérants pour qu’ils sachent faire reconnaître leurs droits.
Les organismes membres de son réseau ne tarissent pas d’éloges pour Pierre Gaudreau. Audacieux, persévérant, rassembleur, ils trouvent en lui un leader de confiance qui sait bien camper les enjeux de l’itinérance, tout en jonglant aisément entre les réalités de chacun des 100 organismes (et plus) du RAPSIM.
En 2016, Centraide lui a décerné le Solidaires Leadership. Ce prix est remis à un dirigeant ou à un intervenant qui se démarque pour l’ensemble de son œuvre ou pour une réalisation remarquable au sein de son organisme ou de sa communauté.
Le saviez-vous ?
L’itinérance est la forme la plus extrême et la plus manifeste de l’exclusion sociale. Vivre en situation d’itinérance, c’est vivre l’exclusion sous plusieurs formes : exclusion du travail, du logement, de la famille.
Notre dossier sur l’exclusion sociale