Les femmes en situation de vulnérabilité

Inclusion sociale
6 mars 2020 •  Par Centraide

Les enjeux rencontrés par les femmes en situation de vulnérabilité se conjuguent généralement au pluriel. Il peut s’agir de pauvreté, de violence, de problèmes de santé mentale, de dépendance, de parcours migratoire difficile ou du simple fait d’être racisée… et plus encore.

On peut par exemple imaginer certaines femmes vivant de la violence conjugale être en plus grande difficulté parce qu’elles ne parlent ni le français ni l’anglais. Des femmes ayant des problèmes de dépendance risquant davantage de se retrouver à la rue. Des femmes déconnectées du marché du travail ayant peine à se loger.

Un nombre important de femmes vivent des situations de grande précarité qui menacent leur capacité à répondre à leurs besoins de base. Leur réalité n’est pas toujours visible et souvent complexe. Notre réseau d’organismes pour femmes les aide à sortir de situations difficiles et à gagner une plus grande autonomie.

L’histoire d’Atiya 

Victime de violence familiale, Atiya a dû surmonter des barrières culturelles pour trouver de l’aide. Aujourd’hui, elle aide d’autres femmes.

Pour une victime, c’est très difficile de s’y retrouver au sein du système. Les femmes de la communauté de l’Asie du Sud doivent affronter plusieurs obstacles : le manque d’information, la méconnaissance des services de soutien offerts et la difficulté de comprendre qu’il est tout à fait acceptable de demander de l’aide. Je suis actuellement séparée de mon conjoint et en instance de divorce, mais lorsque j’étais victime de violence familiale, ma plus grande difficulté était d’être privée du soutien immédiat de ma communauté. C’était si difficile de fuir cette violence subie et dont mes deux enfants étaient témoins, parce que j’avais l’impression que personne ne pouvait m’aider.

Atiya
Victime de violence familiale

« Dans notre culture, le problème de la violence familiale est très personnel. On la considère comme un échec de la part d’une famille et on la stigmatise en l’entourant de honte. Il est tabou pour nous de demander de l’aide, parce que c’est vu comme un échec personnel. On ne nous encourage pas à sortir des limites créées par notre culture.

Mais la clé pour combattre ces stigmates et ces barrières culturelles est la sensibilisation. Je travaille auprès d’un organisme appuyé par Centraide depuis cinq ans. Il procure un environnement sûr où ces femmes peuvent être accueillies et demander de l’aide. Nous travaillons au sein d’une communauté d’une grande diversité ethnique. La majorité des gens qui en font partie sont des immigrants de première génération, ils en sont donc toujours au stade d’intégration. Nous utilisons une approche culturellement sensible dans le travail que nous accomplissons, parce que nous comprenons d’où viennent ces femmes et certains des obstacles auxquels elles font face.

Nous les encourageons à chercher de l’aide et nous les rassurons. Rassurer les survivantes est l’un des aspects les plus importants de notre travail : elles ne sont pas responsables de la violence qu’elles ont subie. Cela peut arriver à n’importe qui. Et dans toutes les cultures.

Comme j’ai dû moi-même m’y retrouver au sein du système en tant que victime, faire du bénévolat dans ce domaine a été pour moi une expérience très enrichissante. Maintenant, je peux prêter ma voix à celles qui n’ont peut-être pas assez confiance en elles pour aller chercher de l’aide. Après avoir quitté un mariage, la vie poursuit son cours. Vous vous épanouirez et survivrez. Et il est tout à fait acceptable d’aller chercher de l’aide. » – souligne Atiya

Le saviez-vous?

On constate une augmentation fulgurante de l’itinérance chez les autochtones, particulièrement chez les femmes.

22%

des femmes itinérantes à Montréal sont autochtones, majoritairement inuites.

Sur le terrain

Du soutien aux femmes autochtones, ces grandes oubliées

Fuyant des conditions de vie difficiles, de nombreuses femmes autochtones quittent leur réserve en direction de Montréal remplies d’espoir. Malheureusement, leurs illusions s’estompent et plusieurs d’entre elles prennent le chemin de la rue. Elles se retrouvent au centre-ville, souvent tout près du square Cabot, carrefour des itinérants autochtones à Montréal dont la majorité sont inuits. Plusieurs d’entre elles tombent dans les filets de proxénètes et deviennent dépendantes des drogues et de l’alcool. Depuis un an, à la suite du déménagement d’un centre de jour pour itinérant, le niveau de violence et de détresse a augmenté, faute de ressources. Au moins six femmes autochtones sont décédées dans les environs du square Cabot.

Des ressources pour les itinérantes du square Cabot

Projet Résilience

Ce projet est né d’une mobilisation de divers partenaires soucieux de trouver une solution pour pallier le déménagement en 2018 de l’organisme Open Door. Centraide y apporte une contribution de 50 000 $. Le Projet Résilience est un centre de jour où l’on admet des personnes ayant consommé. Il accueille les hommes et les femmes, sept jours sur sept, de 8 h à 20 h. Il a ouvert ses portes en novembre 2019.

La majorité des femmes autochtones du square Cabot ont fréquenté le projet Résilience depuis son ouverture en novembre 2019.

Chez Doris

Ce centre de jour financé par Centraide offre des repas, des vêtements, des produits d’hygiène personnelle et toute une gamme de services et d’activités aux femmes vulnérables. Selon les intervenants terrains Chez Doris a connu une augmentation de la clientèle des femmes autochtones qui peuvent maintenant compter sur la présence d’une intervenante inuite.

317 femmes autochtones ont fréquenté Chez Doris en 2018-2019. 82 % d’entre-elles sont inuites.