Quand l’itinérance frappe par surprise : l’histoire bouleversante de Patrick

Inclusion sociale
30 juin 2025 •  Par Centraide
Homme devant une route

Il y a quelques années à peine, Patrick avait 46 ans et travaillait dans le domaine de la construction. Il partageait sa vie avec sa conjointe des 22 dernières années, Valérie. Ensemble, ils menaient une vie normale, jusqu’à ce que tout bascule.


Une tumeur est d’abord apparue au cerveau de sa partenaire. Patrick s’est mis à consacrer tout son temps hors du boulot à prendre soin de celle qu’il aimait. Tellement absorbé par ce don de soi qu’il a ignoré un abcès apparu sur sa propre mâchoire. Il s’en occuperait plus tard. Mais l’abcès s’est infecté et le poison s’est propagé partout dans son corps. Opéré d’urgence, Patrick a été placé dans un coma prolongé. Au total, il a reçu 7 chirurgies, une réanimation cardiaque et 14 pontages.

À son réveil, il devait tout réapprendre; à parler, à marcher, à avaler. Mais un autre choc l’attendait : Valérie avait quitté ce monde. Parce qu’il n’a pu honorer ses paiements pendant qu’il reposait dans le coma, Patrick a également perdu sa voiture et son logement. Un huissier a tout saisi, jusqu’à ses photos les plus précieuses. Celui qui avait évité la mort était désormais invalide à l’emploi. Il n’avait plus rien. Il s’est retrouvé à la rue.

« Jamais je n’aurais cru possible que moi, je sois itinérant, admet-il avec émotion. Le plus blessant, c’est le regard que les gens jettent sur toi. Dans la rue, t’es complètement laissé à toi-même. C’est pas long avant que des idées de suicide s’invitent dans ta tête. »

La rencontre d’anges gardiens

Peu après avoir fait une tentative pour s’enlever la vie, Patrick a rencontré Ruben, un jeune chiot qui a été un véritable pilier durant cette période sombre.

« Ruben, c’est mon ange, dit Patrick.
Grâce à lui, je me sentais moins seul dans ma tente. Mes pensées suicidaires sont devenues moins présentes dès le jour où je l’ai adopté. »

En plus de son chien, Patrick a fait la rencontre de travailleurs de rue qui l’ont littéralement sauvé. Une unité mobile de l’organisme Ricochet est venue le chercher dans la rue pour l’inviter à monter à bord. Le soutien inespéré dont il avait besoin.

Ricochet est un organisme communautaire situé dans l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, aux abords de la Rivière-des-Prairies. Ce centre d’hébergement agit quotidiennement pour assurer le bien-être et la défense des personnes en situation d’instabilité résidentielle et d’itinérance. L’organisme offre 70 places, ainsi qu’un soutien psychosocial qui fait toute la différence.

Chien qui donne la patte à son maître

« Ils nous ont accueillis, Ruben et moi. Ils m’ont donné du linge, une douche, un lit chaud, trois repas par jour. Pis ils t’acceptent, tel que t’es. Y’a des intervenants qui te poussent à fond pour faire tes objectifs de vie. Qui t’aident, pis qui t’aident, pis qui t’aident pis qui te lâchent pas. »

Le fait que Ricochet accepte son chien a également été un facteur clé dans son processus de guérison. L’inclusion des animaux dans les centres d’hébergement est cruciale, car pour plusieurs personnes en situation d’itinérance, leur chien est bien plus qu’un simple compagnon : il représente un soutien émotionnel vital, un véritable bouclier face à l’isolement et à la souffrance. Avec son chien à ses côtés, Patrick a pu affronter chaque journée.

Au fil des jours et des semaines, Patrick a reçu une aide incommensurable qui l’a remis sur la piste. Aujourd’hui, l’homme qui croyait avoir tout perdu attend d’emménager dans son nouveau logement pour reprendre sa vie en main.

« Dans six mois? Je me vois en logement. Pis venir donner du temps de bénévole. Ils m’ont beaucoup aidé et j’aimerais ça beaucoup les aider à mon tour. Si je peux juste remonter quelqu’un, ça me ferait tellement de joie en moi, tu peux même pas savoir comment. »

Le choc du démantèlement : perdre son chez-soi une seconde fois

L’un des épisodes les plus pénibles pour Patrick quand il vivait dans la rue fut le démantèlement de son campement. Un policier lui a demandé de ramasser ses affaires rapidement parce que dans les minutes suivantes, la tente allait être jetée aux poubelles. « C’est comme si tu te retrouves à la rue une deuxième fois », raconte Patrick, les yeux remplis d’eau. « Tout ce que tu possèdes dans ta vie est envoyé aux vidanges. C’est le pire sentiment. Ça fait vraiment mal. Tu ne peux pas le comprendre si tu ne l’as pas vécu. »

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