L’inflation alimentaire et la crise du logement créent une situation historiquement difficile pour les populations vulnérables. Les organismes qui les soutiennent, pour leur part, sont à bout de souffle. Claude Pinard, PDG de Centraide, déclare l’état d’urgence.
« Les banques alimentaires distribuent plus de nourriture que jamais et les demandes ne cessent d’augmenter, déclare Claude Pinard. Autre signal d’alarme : ces organismes doivent avoir recours à un nombre grandissant de travailleurs sociaux et de spécialistes en santé mentale. Car le dépannage alimentaire ne suffit plus, il faut aussi traiter l’anxiété. »
Cette détresse résulte des effets combinés de l’inflation alimentaire, de la crise du logement et des écarts socioéconomiques creusés par la pandémie. « La multiplication de facteurs aggravants touche durement les aînés, les autochtones, les nouveaux arrivants et les familles monoparentales, poursuit le PDG de Centraide. Une mère élevant seule ses enfants, qui avait recours à de l’aide alimentaire pour boucler ses fins de mois, en a aujourd’hui besoin dès le 15. Pour nourrir sa famille, elle envisage de la déraciner en déménageant dans un logement moins convenable, ce qui génère de l’anxiété pour tous. »
Une conjoncture exceptionnelle
À l’heure actuelle, 21 % des ménages habitant le Grand Montréal ont des revenus sous la barre des 30 000 $, et ils font face à l’inflation la plus importante des 30 dernières années. Le coût des loyers a connu une hausse record, et la rareté des logements abordables et convenables perdure. « Avec le 1er juillet qui approche, ces personnes pourraient se retrouver à la rue », s’inquiète Claude Pinard. Cette situation de crise explique l’émergence des travailleurs pauvres, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts avec le salaire minimum.
Un appel à la générosité
« Les besoins sont immenses, et je n’ai pas à prononcer de grands discours pour démontrer que l’aide est nécessaire, et même urgente », soutient le PDG. Il souligne que la pandémie a donné lieu à une prise de conscience collective, qui a permis à Centraide de réaliser deux campagnes record générant chacune plus de 60 millions de dollars, versés à 350 organismes d’entraide travaillant directement sur le terrain. « Ils sont à bout de souffle, et ils sont frappés par la pénurie de main-d’œuvre. Montréal se serait effondrée pendant la pandémie sans le secteur communautaire, et nous devons lui permettre de continuer son travail », affirme-t-il.
« Dans le Grand Montréal, 800 000 personnes bénéficient des dons versés à Centraide par l’entremise des organismes communautaires qui leur viennent en aide. »
– Claude Pinard,
PDG, Centraide du Grand Montréal
Collaborer pour le bien commun
Le nouveau PDG, arrivé en poste à l’été 2021, ne veut pas se limiter à contrer les effets de la pauvreté : il veut s’attaquer à ses causes en misant sur une approche concertée. « Je suis un adepte de la collaboration radicale : on met le citoyen au centre du problème, on réunit autour de la table des acteurs qui ne se parlent pas normalement, et on laisse les intérêts de chacun de côté pour mettre ses énergies au service des communautés. » C’est ainsi qu’il compte notamment s’attaquer à la crise du logement, un appartement à la fois. C’est le temps de donner Centraide soutient les personnes du Grand Montréal dans le besoin en appuyant les organismes communautaires essentiels qui leur offrent des services. En centralisant les sommes versées par plus de 98 000 donateurs, Centraide prévient le dédoublement des collectes et génère d’importantes économies d’échelle.
IL FAUT AIDER CEUX QUI AIDENT
Les organismes d’entraide sont à bout de souffle. Le témoignage de Marco Monzon, directeur général du Comité logement Rive-Sud.
« La crise du logement s’est manifestée par une hausse du nombre d’appels de locataires de tous les horizons, qui ne sont pas seulement issus des populations vulnérables. De plus, nous avons constaté une recrudescence des pratiques douteuses de certains propriétaires demandant des augmentations de loyer abusives ou usant de stratagèmes pour évincer des locataires et relouer les logements à gros prix.
Nous avons également dû répondre à davantage de demandes de collaboration de partenaires qui tentaient d’aider les locataires dans le besoin. Heureusement, Centraide du Grand Montréal a bien saisi ces enjeux et nous a donné les moyens d’aller chercher des ressources pour que notre Comité logement puisse assumer sa mission durant cette crise, notamment en nous donnant accès à des financements qui nous ont permis de conserver des employés pour répondre aux demandes des locataires. »
« D’après un sondage, 19 % des locataires montréalais consacrent plus de 50 %, et parfois jusqu’à 70 % de leurs revenus au logement, et les femmes sont surpondérées dans cette statistique. Nous devons régler ce problème avec des solutions actuelles, pérennes et durables, basées sur des montages financiers innovants. »
— Claude Pinard, PDG, Centraide du Grand Montréal
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