Une directrice générale qui n’a d’autre choix que de fermer les portes de son organisme pour une durée indéterminée après que sa seule employée eut quitté pour un meilleur salaire dans le réseau public. Un intervenant en santé mentale qui doit conjuguer sa volonté d’aider avec son propre épuisement professionnel et avec son sentiment de culpabilité qui en résulte. Une travailleuse du milieu communautaire qui doit elle-même aller dans une banque alimentaire pour nourrir sa famille, faute de revenus suffisants.
Des exemples comme ceux-là, il y en a des centaines un peu partout au Québec. La pandémie, la rareté de la main-d’œuvre et l’inflation ont exacerbé les enjeux. Trop souvent, et malgré son engagement, c’est maintenant la personne aidante qui crie à l’aide.
Nous devons cesser de nous fier sur le dévouement des travailleurs et travailleuses du milieu communautaire.
Au-delà de leur contribution historique, ces personnes font une différence concrète depuis deux ans aux côtés, voire dans l’ombre, du personnel de la santé pour tenter de limiter les effets à court, moyen et long terme de la crise sanitaire et sociale, particulièrement auprès des personnes et des groupes sociaux les plus marginalisés et les plus vulnérables. Ces effets sont multiples et complexes : hausse de l’isolement social, crise de santé mentale, augmentation de la violence conjugale et domestique, délestage en santé et services sociaux, hausse du décrochage et de l’échec scolaire, pertes d’emploi, augmentation de la précarité dans les secteurs les moins bien rémunérés, etc.
Devant ces enjeux sociaux croissants, le réseau communautaire ne fait non seulement partie, mais est trop souvent l’unique solution. Nous devons collectivement lui donner les moyens de réussir. Témoins au quotidien du travail qu’accomplit ce réseau, les Centraide du Québec croient qu’un soutien financier accru, substantiel et prévisible des organismes communautaires est nécessaire. Et c’est urgent.
Les intervenant.es communautaires déploient beaucoup d’énergie et prennent tout le temps nécessaire pour établir et maintenir des liens de confiance avec les personnes qu’ils rejoignent afin d’arriver à bien les accompagner. Pour conserver leur expertise et leur capacité d’aller au-devant des besoins, ils doivent être en mesure de consolider et de renforcer leurs équipes. Plus que jamais dans les années récentes. Ce sont des vies humaines qui sont en jeu, et c’est grave.
Tout le réseau communautaire québécois a mis l’épaule à la roue dès les premiers instants de la pandémie. Sans l’engagement quotidien de ces personnes compétentes et humaines, de tout le réseau communautaire québécois, la situation serait aujourd’hui autrement plus dramatique.
Le rôle essentiel des organismes communautaires et leur contribution doivent être reconnus. Et cette reconnaissance passe par un rehaussement significatif de leur financement, et l’offre d’un cadre prévisible pour leur permettre de faire face à la crise actuelle, de se mobiliser et de se projeter positivement pour la suite.
Il nous faut donner de l’oxygène aux organismes communautaires alors que la pression sur eux se fait presque intenable et menace la résilience de ce réseau indispensable mais vulnérable depuis trop longtemps. Le maintien et la survie de notre tissu social en tant que société bienveillante en dépendent.
Le réseau communautaire québécois et ses milliers de travailleurs et travailleuses ont constitué depuis deux ans un véritable phare dans cet interminable tunnel pandémique. Aujourd’hui, la flamme du phare vacille et le temps presse. Il nous faut collectivement, financièrement et rapidement reconnaître le rôle de ce vaste réseau communautaire. Parce que sans lui, c’est le noir.
Les Centraide du Québec