La situation des femmes: entre inégalités et fragilités

Inclusion sociale
COVID-19
Santé mentale
8 mars 2021 •  Par Centraide
Femme qui regarde au loin

S’il existait déjà des disparités entre les hommes et les femmes, l’année que nous venons de traverser les aura dévoilées avec éloquence. La pandémie pèse plus lourd sur les femmes que ce soit au niveau du fardeau des tâches, des pertes d’emploi ou de la santé physique et mentale.

En plus de révéler les inégalités déjà existantes, la pandémie a accru les fragilités. En étant souvent plus pauvres ou dans une situation précaire, les femmes se sont retrouvées en moins bonne posture pour faire face à l’adversité de la crise. Or, ce sont elles qui bien souvent ont tenu et continuent de tenir le Grand Montréal à bout de bras pour soigner, éduquer et soutenir.

Les femmes: un groupe déjà plus à risque de pauvreté et d’exclusion »

Statistiques sur les femmes vulnérables

Les inégalités renforcées par la pandémie

  • Emploi et diminution de revenu
  • Risque sanitaire plus élevé
  • Charge familiale plus lourde
  • Santé mentale fragilisée
  • Situations de violence et d’exploitation en croissance

L’emploi

Une perte d’emploi plus rapide et une récupération plus lente

Après un début de crise où les secteurs d’emploi à prédominance masculine ont été affectés, notamment les secteurs de la construction et de la fabrication, ce sont les femmes qui globalement ont été plus touchées par les pertes d’emploi. La reprise économique s’est faite plus difficilement au cours du printemps et de l’été.

  • 69 % des personnes ayant perdu leur emploi au Québec entre février et mars 2020 étaient des femmes (120 200 femmes comparativement à 55 100 hommes).
  • Les femmes ont davantage réduit leurs heures de travail.
  • Plusieurs femmes (+ 25 ans) auraient quitté le marché du travail ou renoncé à retrouver un emploi après avoir perdu le leur au cours des derniers mois pour possiblement, selon certaines hypothèses, assumer des obligations parentales accrues.
Statistiques - évolution de la présence des femmes et des hommes sur le marché du travail
Ce départ des femmes de l’économie aura des répercussions
à long terme dont on ne mesure pas encore les effets.

La conciliation travail-famille

Un poids lourd à porter pour les femmes »

Les femmes ont été amenées à conjuguer, davantage que les hommes, différents rôles lors de la pandémie : éducation des enfants, tâches de garde supplémentaires, soutien aux parents vieillissants, notamment. La pression vécue et le stress généré semblent avoir pesé plus lourd de leur côté révélant et renforçant une inégalité déjà présente à ce niveau.

La santé mentale

Les femmes plus affectées sur le plan psychologique. »

Plusieurs études et sondages réalisés à divers moments de la pandémie et selon des méthodes différentes suggèrent que les femmes sont plus affectées sur le plan psychologique. Elles rapportent une moins bonne santé mentale (anxiété, stress, sentiment d’impuissance, peur, etc.).

Les groupes particulièrement touchés :

  • les mères, particulièrement celles de jeunes enfants
  • les jeunes femmes
  • les femmes enceintes
  • les femmes autochtones
  • les femmes racisées

Zoom sur la détresse psychologique*

  • 28 % des mères contre 17 % des pères.1
  • 37 % des mères de jeunes enfants (5 ans et moins).1
  • 28 % chez l’ensemble des parents de jeunes enfants.1
  • 37 % des jeunes femmes (18-34 ans) contre 26 % des jeunes hommes du même âge.2
  • 41 % des parents de familles monoparentales contre 20 % des familles biparentales.2
  • 64 % des femmes autochtones (vs 54 % de leurs homologues masculins) déclare une dégradation de leur santé mentale dans la foulée de la crise sanitaire.3 

*Ces données ne proviennent pas des mêmes sources et sont tirés de sondages. Elles ne peuvent pas être généralisées à l’ensemble de la population.

1. Sondage SOM mené à travers le Québec pour le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP), juillet 2020
2. Sondage Léger mené en partenariat avec l’Association d’études canadiennes, et Sondage Léger, 13 janvier 2021
3. Statistique Canada, 23 juin 2020

Nos investissements pour soutenir les femmes

Un réseau d'organismes dirigés et fréquentés majoritairement par des femmes.

Un réseau d’organismes dirigés et fréquentés majoritairement par des femmes.

Près de 50 M$ sont investis annuellement auprès de 350 organismes et projets. Les femmes y reçoivent du soutien dans plusieurs aspects de leur vie : le logement, l’alimentation, l’accès à des réseaux d’entraide, la réussite de leurs enfants, l’inclusion des femmes plus vulnérables, etc.

Un réseau de centres de femmes implantés dans les quartiers et villes du Grand Montréal.

Un réseau de centres de femmes implantés dans les quartiers et villes du Grand Montréal.

Parmi les 350 organismes soutenus se trouve un réseau d’une vingtaine de centres de femmes implantés sur tout le territoire. Un investissement annuel de 2 M$ leur permet de rejoindre 75 000 femmes.

Ces organismes agissent sur des réalités spécifiques aux femmes et offrent une panoplie de services adaptés à leurs besoins dans différents aspects de leur vie. Ils agissent également auprès de la communauté à travers des initiatives de sensibilisation et de lutte contre la discrimination.

Parmi les services offerts aux femmes, les centres proposent des groupes de discussion et des ateliers de soutien portant sur divers sujets tels que le logement, la violence, l’immigration ou les agressions sexuelles. Ils offrent des cours en informatique ou en budgétisation. Ils peuvent proposer un soutien pour le retour à l’école, de l’aide à l’installation, de l’accompagnement dans des problématiques de santé mentale ou encore du soutien au développement d’un projet personnel ou collectif contribuant au développement des compétences et à l’estime de soi.

Et les centres de femmes sont aussi des lieux de rassemblement favorisant la création de réseaux d’entraide et le développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté.

femmes avec un masque

Rejoindre les femmes en temps de pandémie, l’exemple du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs. »

Localisé dans l’est du quartier Villeray, à proximité du quartier Saint-Michel, le Centre des femmes d’ici et d’ailleurs offre aux femmes de toutes origines du soutien, des références, de l’écoute et un espace de rencontres.

Avec la pandémie et les mesures sanitaires qui s’imposent, le Centre a mis sur pied une offre virtuelle de vidéoconférences grâce au soutien de Centraide qui a rendu possible l’acquisition de matériel informatique. Ce soutien a également permis à l’organisme de prêter des ordinateurs portables avec connexion Internet intégrée aux femmes qui n’en avaient pas ou dont les conditions en limitaient ou n’en permettaient pas l’usage.

Pour soutenir les femmes non rejointes et plus isolées, l’organisme a également dû adapter ses pratiques terrains et proposer de nouvelles avenues. Depuis l’automne dernier, il propose un service de marches-écoute. Les femmes peuvent, au moment qui leur convient et dans le lieu extérieur de leur choix (parcs, lieux publics, etc.), prendre rendez-vous et rencontrer, en respectant les règles sanitaires, une intervenante qui peut les accompagner et les référer vers les ressources d’aide appropriées. Les problématiques vécues par les femmes utilisatrices de ce service sont multiples : violence familiale, problèmes de santé mentale, difficultés parentales, etc.

Quelques résultats et effets observés

  • 60 marches-écoute réalisées d’octobre à février
  • Baisse de l’isolement, de l’anxiété et du stress
  • Diminution de la peur
  • Augmentation de l’activité physique
  • Découverte du quartier et de l’espace public
  • Cueillette d’information sur la COVID et les ressources